Aux Présidents de
nos pays d’Amérique Latine:
Nous, titulaires de cette
pétition, vous écrivons pour vous exprimer notre rejet de la
présence continuelle de la Mission des Nations Unies pour la
Stabilisation à Haïti (MINUSTAH), mais aussi pour appeler nos
gouvernements respectifs à retirer tout personnel militaire de
cette opération dite de “de paix.”
Cela fait plus de sept ans
maintenant que les soldats de nos pays d’Amérique Latine
participent à cette occupation militaire immorale et
non-justifiée, remplissant l’agenda des puissances étrangères et
violant constamment la souveraineté et la dignité du people
haïtien.
En 2004, les troupes de la
MINUSTAH sont arrivées à Haïti pour soutenir un gouvernement
de facto. Pendant la période d’intenses répressions qui a
suivi, la MINUSTAH elle même a mené de violentes incursions dans
les quartiers pauvres de Cite Soleil, avec comme claire
stratégie la construction de « l’ennemi, » se concentrant sur la
persécution des communautés pauvres et marginalisées.
Depuis le retour d’une
démocratie, limitée, en 2006, la MINUSTAH a contribuée à
l’accentuation des violations des droits politiques haïtiens,
notamment à travers son support aux élections corrompues, dans
lesquelles le parti politique le plus populaire d’Haïti a été
exclu.
Récemment dans les semaines
passées, un cas de viol, dans lequel figuraient des troupes
d’une de nos nations d’Amérique Latine, a levé le voile sur une
formule de violations des droits de l’homme –qui comprend
plusieurs cas de viols et d’exploitations sexuelles- existant
déjà depuis des années.
De plus, la MINUSTAH, à
travers l’introduction du cholera à Haïti, a profondément
aggravé la crise humanitaire qui est déjà immense. A cause de la
négligence des tests de dépistage sur les soldats arrivant à
Haïti, la MINUSTAH a déclenché une épidémie qui a tué plus de
6200 haïtiens et a infecté d’autres centaines de milliers. Les
experts ont prévu que le cholera restera endémique à Haïti et
mènera à des milliers d’autres décès.
Ces derniers jours, il y a
eut un bon nombre de manifestations populaires demandant à la
MINUSTAH de quitter le pays. C’est ainsi que le Vice Président
du Senat d’Haïti, Jean Hector Anacacis, a déclaré: « La MINUSTAH
a apporté plus de mal que de bien au pays. » Pendant que la
MINUSTAH reste fortement impopulaire à Haïti, des dossiers
secrets de la diplomatie Américaine publiés par Wikileaks
révèlent que les fonctionnaires américains considèrent ces
forces « de paix » comme « un outil indispensable dans la
réalisation des intérêts politiques et critiques du gouvernement
américain à Haïti. »
De ce fait, il est
déraisonnable pour les gouvernements d’Amérique Latine, dont
beaucoup s’associent aux valeurs progressistes, de renforcer
l’agenda impérial à Haïti. C’est d’autant plus déraisonnable que
les armées de nos nations fassent directement parti de
l’occupation militaire dans un pays qui s’est tenu comme
représentant de l’espoir et de la liberté pendant l’émancipation
de nos mouvements d’Indépendance, mais aussi dans un pays qui a
fourni un support essentiel a la campagne de Simon Bolivar pour
la liberté de l’Amérique Latine. Et c’est encore plus
déraisonnable pour nos pays, qui ont tous connu l’agression
étrangère, d’être parmi ceux qui piétinent la souveraineté d’un
pays qui a connu de brutales et incomptables interventions
depuis la cassure des chaines de l’esclavage et du colonialisme.
Le 15 Octobre, le Conseil de
Sécurité des Nations Unies prévoit de publier une résolution qui
renouvèlerait le mandat annuel de la MINUSTAH pour la septième
fois. Nos gouvernements d’Amérique Latine ne peuvent pas
s’asseoir sans rien faire et approuver cette décision comme ils
l’ont fait précédemment. Au lieu de simplement supporter la
recommandation du Secrétaire General Ban Ki-Moon à diminuer le
nombre de troupe (jusqu’au nombre de troupes qu’il y avait avant
le tremblement de terre), nos gouvernements devraient fermement
demander l’établissement d’un agenda de retrait rapide de toutes
les troupes étrangères. Nos gouvernements devraient commencer à
retirer nos troupes unilatéralement et cesser d’impliquer nos
nations dans cette entreprise criminelle et impérialiste.
Prêt de 800 millions de
dollars sont dépensés chaque année pour la MINUSTAH. Nous
appelons nos gouvernements à commencer à retirer leurs troupes
de cette mission et à se concentrer sur le réinvestissement de
ces fonds vers la lutte contre le cholera. Nous les appelons
aussi à contribuer aux nombreux et urgents autres projets qui
aideront le people haïtien à sortir de cette crise humanitaire
actuelle. Il est grand temps pour nos soldats de partir et pour
nos nations de montrer une vraie solidarité à ce pays frère
auquel nous redevons beaucoup.
Adolfo Pérez Esquivel, Premio Nobel de la Paz (Argentina)
Martín Almada, Premio Nobel Alternativo de la Paz (Paraguay)
Juan Gelman, escritor (Argentina)
Eduardo Galeano, escritor (Uruguay)
Frei Betto, escritor (Brasil)
Pedro Casaldaliga, religioso y escritor (Brasil)
Elsie Monge, Directora Ejecutiva Comisión Ecuménica de Derechos
Humanos, (Ecuador)
Alicia Lira, Presidenta de la Agrupación de Familiares de
Ejecutados Políticos (Chile)
Alejandra Arriaza, abogada derechos humanos, Observadores por el
Cierre de la Escuela de las Américas (Chile)
Hugo Gutiérrez, abogado derechos humanos, Diputado de la
Republica de Chile (Chile)
Patricio Véjar, Comunidad Ecuménica Martin Luther King (Chile)
Markus Sokol, miembro del Directorio Nacional del Partido de los
Trabajadores (Brasil)
Xavier Albó, religioso, investigador en CIPCA (Bolivia)
Hugo Blanco Galdós, ex líder campesino (Perú)
Alberto Adrianzén Merino, parlamentario andino (Perú)
Raul Zibechi, escritor y periodista (Uruguay)
Alberto Franco, religioso - Secretario Ejecutivo de la Comisión
Intereclesial de Justicia y Paz (Colombia)
Abuelas de Plaza de Mayo (Argentina)
Víctor Valle, educador universitario (El Salvador)
Mario Domingo, defensor de derechos humanos (Guatemala)
Bertha Oliva de Nativí, Premio Tulipán por los Derechos Humanos
2010; Coordinadora General del Comité de Familiares de
Detenidos-Desaparecidos en Honduras, COFADEH, (Honduras)
Roy Bourgeois, sacerdote maryknoll, fundador de SOAW (Estados
Unidos)
Servicio Paz y Justicia, SERPAJ América Latina.
School of the Americas Watch, SOAW.
Comisión Ética Contra la Tortura (Chile)
Servicio Internacional Cristiano de Solidaridad con los pueblos
de América Latina “Óscar Romero” SICSAL